1. |
Mon gamin
05:29
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Mon gamin
Mon gamin se cache dans le doute
A peur d’être rattrapé avant le soir
Il a couru comme un fou sur la route
S’évadant des camps de cauchemar
Mon gamin avance sans arrêt
Arrive aux portes du désert
Se dit combien ça coûterait
Si jamais je me perds
Mon gamin n’a plus sommeil
Il halète dans les rayons de sable
Souffre sous les grains de soleil
Se demande ce dont il est capable
Mon gamin rencontre une colonne humaine
Seul le bruit du vent dans les dunes trouble le silence
Ils l’ont obligés à tuer des gens il reviendra il à la haine
C’est ce qui le fait avancer et s’armer de patience
Mon gamin à dix ans rien ne le freine
4000 kms pieds nus sur les cailloux
Autour de lui pas de jardin d’éden
Juste les lamentations qu’il entend partout
Mon gamin ne veut pas être en lambeaux
Conseil du passeur qui lui dit accélère le pas
Sa mort rôde son épuisement se voit d’en haut
Mais il avance même si ses pieds saignent ici-bas
Mon gamin voit tout autour de lui
Ses semblables qui vont vers l’occident
Il ira vivre dans une ville sous la pluie
Il sera journaliste correspondant
Mon gamin embarque sur le bateau
C’est comme un chant funèbre en un seul râle
Il fait noir ils ont fermé la porte en haut
Il n’y a plus que gémissements à fond de cale
Mon gamin sent la soute se remplir d’eau
Il lève la tête cherche l’air à plein poumon
Il prie son Dieu le supplie lui dit c’est trop tôt
Avant ton paradis je dois finir ma mission
Quand les douaniers ont ouvert le placard
Ils ont découvert noyés ou étouffés des migrants
Des linges blancs recouvrent 49 brancards
Qui passent sous les yeux d’un enfant seul survivant
Un jour il a frappé par hasard à ma porte
J’ai ouvert à un enfant en larmes et affamé
Je me suis débattue pour qu’il s’en sorte
Mais on lui a refusé son statut de réfugié
Mon gamin j’ai fait ce que j’ai pu pour toi
Mais l’Europe t’a banni t’as renvoyé au pays
Tu ne sais pas lire écrire et compter toutes les fois
Ou tu as recommencé ton voyage de survie
Tu es revenu inlassablement
Tes périples ont duré deux ans
Chaque fois je te reprenais par la main
Et chaque fois tu partais en larmes en me disant à demain
Mon gamin mon fils adoptif tu me souris
Nous avons bravé administratifs et politiques
Je te regarde être merveilleusement en vie
Et ne m’en veux pas si j’ai le bonheur pudique
Je t’aime mon enfant, mon fils mon amour
Nous deux mains dans la main c’est pour toujours
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2. |
Souvenirs au futur
03:07
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Souvenirs au futur
Il pleut des rigoles et le ciel se marre
Si comme d’habitude tu es en retard
Sous les yeux écarquillés des passants
La fumée sort de mon cœur impuissant
Je grille d’impatience électrocutée
Pour ce rendez-vous que tu vas rater
Sur la plage roule un galet
Fait des ronds et saute le mur
Nous n’avions pas de passé
Juste nos souvenirs au futur
Volontairement les bras en échancrure
L’horloge du temps sonne l'écorchure
Je reste immobile la pluie dégouline
Sur nos caresses amicales et câlines
Je suis dans notre douce complicité
Liée à une belle et tendre amitié
Sur la plage roule un galet
Fait des ronds et saute le mur
Nous n’avons pas de passé
Juste nos souvenirs au futur
Morphée au soleil couchant murmure
Pleure pas je vais trouver ton rêve azur
Même si la nuit tombe il est tellement bleu
Que les étoiles le trouveront fabuleux
Il y a de l’amour dans l’amitié
Te voilà pas de rendez-vous raté
Sur la plage roule un galet
Fait des ronds et saute le mur
Nous n’aurons pas de passé
Juste nos souvenirs au futur
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3. |
L'un L'autre
04:58
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L’un, l’autre
« L’idée de la guerre est une idée intérieure ; le spectacle des images qu’elle comporte satisfera ma curiosité, mais n’augmentera pas l’ampleur du drame que je sens »
Félix Vallotton 9 mai 1917
L’un près de lui admire au loin puis soupire
L’autre attrape l'image et la tord au firmament du souvenir
L’un aspire tel un siphon le sens de sa présence
L’autre se perd en se prenant les pieds dans le sens
L’un attrape une mouche désolée d'être passée là pour rien
L’autre se retrouve dans le pourquoi des méandres Kafkaïen
L’un expire dans un râle un début de paranoïa
L’autre glisse ses papiers militaires sous sa chéchia
L’un malade éternue sa douleur
L’autre blessé grave se meurt
L’un dissimule sa peur de la souffrance
L’autre quelque part conchie son silence
L’un peine à digérer la défaite
L’autre a pris une balle en pleine tête
L’un hait son maigre pécule de tirailleur
L’autre perdu rêve d’une vie meilleure
L’un voudrait prier pour que demain soit un nouveau parcours
L’autre sort de son esprit devenu fou la merde insolente du jour
L’un peint silencieusement son malheur
L’autre répudie ses dieux sans en avoir peur
L’un déserteur sera pendu demain
L’autre très jeune se meurt de faim
L’un chie le silence fracassant des morts oubliés
L’autre flotte sur le fleuve d’une guerre sans pitié
L’un porte le poids d'un oiseau mort de froid
L’autre veut imaginer sa mort au combat sans effroi
L’un déclare pour rien je comprends que ta femme soit morte
L’autre devenu fou insulte au hasard quelqu'un puis sanglote
L’un a une gueule ravagée
L’autre a oublié le sens du verbe Aimer
L’un très jeune porte un fusil et tue
L’autre dit c'est la guerre c’est foutu
L’un tremble tellement il a froid
L’autre le regarde et murmure tais toi
L’un et l’autre, les uns et les autres attendent. Quoi ? Ils ne savent pas. Ils sont là c’est tout. C’est l’hiver, il a neigé. Ils sont assis dans la poudre blanche. Pourquoi ? Ils ne savent pas, ils sont là c’est tout. L’un et l’autre et tous leurs frères d’armes attendent, dans le froid du camp de Mailly, un geste, un ordre, une indication leur signifiant qu’ils vont rentrer chez eux, au Sénégal. La guerre dure depuis trop longtemps. L’un dit « Dans deux jours j’aurais vingt ans ». L’autre ne répond pas. Ils sont assis, fixent un point, là-bas, très loin, où ils sont attendus. Mais c’est la guerre. L’un, l’autre et tous les autres savent que peut-être, ils ne reverront pas leur Afrique.
Ils sont fatigués, très fatigués. Tristes aussi. Ils n’ont pas grand-chose à se raconter. Ils sont vivants tout simplement. Fatigués, tristes mais vivants. Demain ils repartent au front. Tous ont peur. Chacun d’eux se pose la même question : vivant oui mais jusqu’à quand ?
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4. |
La mama africaine
03:30
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La Mama africaine
Elle traverse le désert
Sous le soleil brûlant
Jamais elle ne se perd
Pieds nus loin droit devant
Presque Tous les matins
Elle fait des kilomètres
Va au café très loin
Chanter de tout son être
Elle va jouer son tercet
Paie en chants africains
Quelques vers murmurés
Au rythme des quatrains
Oublie d’aller aux vêpres
Elle priera dans sa tombe
Elle mise sur le zèbre
Qui se repose à l’ombre
Il ne gagne pas ce soir
Elle le sait dit bonjour
Rayures en blanc et noir
Elle s’en fout l’aime d’amour
Avec lui elle galope
Traverse la savane
Une hyène interlope
Les guette et se pavane
La lune ruisselle ardente
Dans les chants étoilés
Laisse la vieille pantelante
Devant tant de beauté
Alors elle chante chante chante
Pour payer son tercet
Elle est si remuante
Chante danse la liberté
Elle retourne au village
Sous les youkoulélé
La Mama n’a pas d’âge
Elle sait un mot… zébré
Elle va jouer son tercet
Paie en chants africains
Quelques vers murmurés
Au rythme des quatrains
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5. |
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Juste une main et son poignet
Il fait gris ce matin sur la cathédrale
D’une voix chevrotante elle gémit dans un râle
Ambiance hiver des sans donateurs fixes
Une petite pièce monsieur pour mes suffixes
Mes préfixes mes précipices
Un regard c’est tout bénéfice
Racontez moi la France d’en bas
Celle qui est plus haute que moi
Moi la vieille femme édentée
Sur un bout de trottoir décharné
Je ne demande pas la charité
Juste une main et son poignet
Il paraît que dans le monde ça va mal
C’est en tout cas ce que dit le journal
Ne faites pas cette tête de chrysanthème
Moi aussi un jour il m’a dit je t’aime
J’y ai cru j’ai engagé ma vie
Devant le maire on s’est dit oui
Ingénieur il était et puis un jour
Alors qu’il ne disait plus bonjour
Il est partit sans se retourner
Et la mort il s’est donné
Trop de boulot trop de stress
Je n’ai pas vu sa détresse
De la France d’en haut j’ai dégringolé
De pas mal de dettes j’ai hérité
Dans le caniveau je suis tombée
Jamais eu la force de me relever
Moi la vieille femme édentée
Sur un bout de trottoir décharné
Je ne demande pas la charité
Juste une main et son poignet
Je sais je suis une impénitente bavarde
Je voudrai juste manger un peu blafarde
Impression que ce serait mon dernier repas
Avant que la faucheuse ne danse son dernier pas
Je ne suis pas dans le misérabilisme
A l’aube de mon dernier prisme
Je ne tends surtout pas la main
Pour tenir jusqu’au lendemain
Je voudrai simplement vous dire merci
D’être passé près de moi sans un bruit
Mais votre faux regard de compassion
Me met dans un ultime état de confusion
Vous avez eu honte ou pire pitié
De la très vieille femme édentée
Vous avez marché sans vous retourner
Un vrai pied de nez à mon passé
Maintenant je tire ma révérence
A ce monde pourri d’indifférence
Ce n’est pas grave je suis déjà partie
D’un système qui m’a volé ma vie
Je dis au revoir messieurs dames
Je sais vous ne verserez pas une larme
Parce que dans indifférence
Il y a avant tout méfiance
Je cours je vais vite
Dans l’oubli je lévite
Au dessus d’une vie
Dont nul n’a envie
Je cherche une lueur
Dans la vie j’ai peur
Gardez mon trottoir propre
Demain votre opprobre
Désignera un autre
Venu là comme apôtre
La misère vous la voyez
Peureux vous passez
Une pièce vous donnez
Un remord vous écrasez
Demain je ne serai qu’un corps
A la morgue des idées fixes
Demain il fera froid dehors
Garde à vous et fixe
Moi la vieille femme édentée
Sur un bout de trottoir décharné
Je ne demande pas la charité
Juste une main et son poignet
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6. |
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Les robes
De belles voix de femmes
Aux saveurs africaines
Vous empoignent l’âme
En voyage vous emmène
Quand elles apparaissent sur scène
Paupières fardées rouge aux lèvres
Le public fou se déchaine
Hurle négresses on vous aime
Elles sont désirables bien-être
Déconcertante tentation
D’un vol au vent épithète
Auxiliaires en suspension
Pfutt percussion du vent
Sur épices en lumière
Cachent les paroles en sang
Des excisées poussière
S’appellent en Afrique Bénin-Burkina Faso-Côte d'Ivoire-Djibouti-Ghana Guinée-Liberia-Nigeria-Ouganda-République centrafricaine-Sénégal-
Sierra Leone-Somalie-Tanzanie-Togo-Yémen S’associent à leurs sœurs Égypte Indonésie et autres pays amis
Excisée cisées ciséees cisées
La musique rock se déchaine
Elles saisissent les micros
Leurs présences occupent la scène
Elles vacillent sous les bravos
Mais écoutez les paroles retenez les refrains
Elles dénoncent rock’n roll de noirs lendemains
Pour les filles qui hurlent quand l’exciseuse s’avance
Le rasoir à la main de la rituelle souffrance
La vieille tranche logique
Pour amputer la haine
Des violées méthodiques
Coutumes dans les veines
Pas de clito
Pas de plaisir
Pas de lèvres
Pas de soupir
Excision cision cision
Un boubou par-dessus
Masquer leurs arrières
Rock couperet suspendu
Voix particulières
Le concert s’arrête frémit
Musiciens jouent la frousse
Une lionne au loin rugit
Un cri court dans la brousse
Les amputées chantent la voix nue
Pour leurs sœurs contre la mutilation
Mais la jungle couvre les cris venus
D’une fillette soumise à la tradition
Elle mourra quelques jours plus tard
Robes d’étés des chanteuses en deuil
Elle voulait vivre mais c’est trop tard
Robes d’hiver pour excisées en cercueil
Excision cision cision
Les femmes en colère
Subissent leur douleur
Des chanteuses africaines espèrent
Que leur sang change de couleur
Excisées cisées cisées
Excisées cisées
Ex-cisées
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Le zebre slam France
Le zèbre slam est un slameur français. "Souvenirs au futur" est son premier album. Il a déjà enregistré trois titres en 2016-
2017-2019 avec La ligue Slam de France pour Le printemps des poètes.
Stéphan Mary, auteur français, a signé les six textes de cet EP
Le zèbre slam se produit sur scène avec musiciens et/ou bandes son et vidéoprojections.
Slam avec La meute slam, Tours, France
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